AUTEUR ANONYME
J’entends la porte de mes souvenirs grincer
Mais il est impossible de faire marche arrière.
Mon esprit ressemble à une terre déchirée
Soumise au temps et à des vents contraires.
L’ombre du soir a creusé de vieux silences
Où se sont échouées les voix d’êtres aimés
Les cartes postales, sur la table de l’enfance
Errent sans but dans la lueur d’un ciel défait.
Même les étoiles vacillent dans les coursives
De l’infini, là, où les hivers ont ridé les nuages
Les embruns noircis des tempêtes successives
Brûlent l’horizon et tournent toutes les pages.
Pourtant, au levant d’un autre jour, se lézarde
La poussière entassée sur les étagères intimes
Même la rose déposée sur les tombes, cafarde
Et enlace les bruits venus de la vie qui s’exprime.
Déjà, la feuille blanche de demain se déroule
Laissant à la lisière des pensées, la nostalgie
Quelques sanglots suspendus dans la houle
Iront se perdre sur l’album des photos jaunies.
A la crête de l’aube, la lune abandonnée en vain
S’endormira sur d’invisibles soieries et au ciel
Qui n’oublie rien, je ferai un signe de la main
Avant de fuir cette absence qui m’écartèle.
Huis clos ( en hommage à mon père disparu)